Préface des Éditions de Londres

« La Barre-y-va » est un roman policier écrit et publié par Maurice Leblanc en 1930, d’abord en feuilleton dans Le Journal, puis chez Lafitte l’année d’après.

Bref résumé

Un soir, Raoul d’Avenac rentre chez lui et a la surprise d’y trouver une jeune femme blonde désemparée. Lorsqu’il comprend qu’elle n’est pas prête à la bagatelle, il l’écoute et la suit jusqu’en Normandie. Parallèlement, Bechoux le contacte pour lui demander de l’aide dans une affaire qui le retient à Radicatel, près du Havre.

Catherine Montessieux (la belle inconnue) et sa sœur, Bertrande Montessieux, sont revenues vivre dans le manoir de la Barre-y-va. Elles ont toutes deux été élevées par leur grand-père, Michel Montessieux, un excentrique, scientifique et alchimiste à ses heures. Mais il est mort subitement il y a deux ans. Des choses étranges se passent depuis quelques temps dans le manoir. Un soir, M. Guercin, le mari de Bertrande, est assassiné dans le manoir. Et il y a cet homme au grand chapeau que poursuit Raoul d’Avenac sans succès. Et on parle d’or dans l’Aurelle, la rivière qui coupe le domaine en deux, et encore plus étrange : les trois saules qui évoquent à Catherine toute son enfance sont passés de l’autre côté de la rivière. Seul Lupin saura démêler tout cela, et trouvera la clé de l’énigme, qui mêlera héritage, alchimie et un pro-consul romain riche et distrait.

L’homme au chapeau noir

« La Barre-y-va » n’est pas le meilleur roman de Maurice Leblanc. Depuis quelques années déjà, on sent un affaiblissement, une difficulté à se renouveler, et une narration un peu formulaïque. Béchoux, ce n’est pas Guerchard. D’Avenac, ce n’est pas le Prince Sernine. Et Lupin est devenu un simple enquêteur souvent amoureux d’une jolie femme. Et pourtant. « La Barre-y-va » vaut le coup d’œil et une lecture, rien que pour comprendre l’origine de ce qui est probablement le meilleur épisode de la série télévisée des années 70, « L’homme au chapeau noir ».

« L’homme au chapeau noir » sort le 27 Décembre 1973. On y trouve Georges Descrières, Nicole Calfan dans l’un de ses premiers rôles, Henri Virlojeux et Roger Carel.

Toutes les faiblesses de « La Barre-y-va », le scénariste de « L’homme au chapeau noir » les a résolues. Voyons donc. Pour épaissir le mystère, quelle meilleure idée d’y introduire non pas deux (Lupin et Béchoux) mais trois limiers (Lupin, Guerchard et Sholmès). Ainsi, l’épisode commence avec le faux enterrement de Lupin, auquel assistent ses vieux ennemis qui sont en réalité des amis, Guerchard et Sholmès. Catherine Montessieux n’est pas blonde, c’est Nicole Calfan, et quand Lupin lui propose la bagatelle, elle l’accepte volontiers, ce qui ajoute du piquant au côté grave de l’enterrement. Ils se rendent tous deux en Normandie en avion, ce qui donne lieu à beaux paysages. Le mari de Bertrande n’est pas assassiné. Les trois saules deviennent un arbre déplacé. Et surtout, la magie joue à fond avec cet homme au chapeau noir (inspiré du chapitre « L’homme au grand chapeau » dans l’original), qui a cette manie d’oublier son chapeau à chaque fois qu’il passe. Le scenario est également beaucoup plus serré, centré sur le mystère de l’alchimiste, et de l’or charrié par la rivière, le mystère de l’homme au chapeau noir, et la personnalité de Catherine, belle victime que l’on veut déposséder de son héritage.

Un beau roman au final qui donnera lieu à une très belle réussite télévisuelle.

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