Immigration :

nom commun ; exemples : il faut mettre un plafond à l’immigration ; il faut régler le problème de l’immigration ; l’immigration est une chance.

L’immigration est un des principaux moteurs de l’histoire de l’humanité. Dans le passé, l’immigration prenait des formes bien différentes d’aujourd’hui. Il y avait d’abord l’immigration forcée, c'est-à-dire contraindre des êtres humains à quitter leur terre pour s’établir dans un pays qui n’était pas le leur : traite des esclaves, déportations forcées… Il y avait l’immigration des « grandes migrations » : les fameuses invasions barbares par exemple. Et puis il y a l’immigration plus récente, celle des Européens en Amérique du nord et du sud entre le seizième et le vingtième siècle, qui transforme radicalement le continent américain. Sans immigration, pas d’Amérique, pas de terre mythique, pas de fuite des Huguenots, pas de diasporas, chinoise, juive, arménienne, indienne, basque, malaise, africaine, pas de peuplements polynésiens, pas de cultures métissées, de mosaïques de races…Pas d’échanges, pas de croissance économique, pas d’évolution sociale, de la langue…

L’immigration est le moteur historique de l’humain.

Mais ce que l’immigration n’est pas, c’est une valeur idéologique. Quand l’immigration s’inscrit dans un corpus de valeurs idéologiques, pas étonnant qu’elle provoque un choc en retour, et que ce qui devrait être la résultante d’une négociation entre ceux qui accueillent et ceux qui sont accueillis devient le jouet d’enjeux politiques et idéologiques.

Pour ceux qui ont le monopole de la parole publique (médias, politiques, chefs d’entreprise, artistes, enseignants, intellectuels…), l’immigration est le test ultime de la générosité sociale. A l’inverse, avoir quelque chose à redire sur l’immigration, c’est être raciste.

Le mot immigration est au cœur de la plus forte poussée d’extrême- droite en France depuis les années trente, et impuissantes, les élites assistent à ce ras de marée qui se rapproche, et contre lequel leurs bonnes intentions ne peuvent rien. La montée d’un racisme décomplexé, de plus en plus assumé au sein de la société française, est une catastrophe depuis longtemps bien annoncée.

Le problème est assez simple : si l’on considère l’histoire de l’immigration dans les sociétés modernes, il n’y a pas d’immigration sans intégration. Si on ne s’intègre pas, on vit dans un pays mosaïque de communautés sans liens entre elles, et à l’échelle d’un pays (c’est différent dans les villes ou les grandes métropoles qui peuvent vivre et prospérer sur un modèle multicommunautaire), on finit toujours par avoir la violence et la guerre, qu’elle soit d’inspiration religieuse, linguistique ou ethnique : Indiens d’Amérique, partition de 1947, pogromes de Juifs, de Chinois, d’Indiens etc.

L’histoire de l’intégration est l’histoire d’un volontarisme. Ce volontarisme est parfois rustre et brutal, mais fonctionne. Or, en France, ce volontarisme est vu comme un retour à des temps réactionnaires, l’émanation d’un racisme sous-jacent, ce qui est évidemment absurde.

 Deux phénomènes se produisent en France à partir des années soixante. On considère le volontarisme de l’école, de l’État, de la société, trop dur et autoritaire. Mais surtout on oublie qu’il n’y a pas d’intégration sans intégration économique : c’est le grand ratage français.

Un pays aux structures économiques d’inspiration étatique, gérées et décidées par des commis d’État, en bref un pays d’économie socialiste de marché, ne créée pas d’emplois : il ne créée que des emplois assistés, d’État, ou des emplois de rattrapage.

La structure économique de la France d’après-guerre est la principale raison (mais pas la seule) de la faillite de l’intégration. Un immigré a avant tout besoin de travail et d’indépendance. Donnez-lui des aides généreuses, et vous le condamnez à l’assistanat, à la stagnation économique, à la rancune contre la société d’accueil qui ne lui aura jamais donné une chance, qui lui aura offert une immigration de charité plus que d’intégration, et ses enfants le mépriseront, entreront en révolte contre cette société qui a fait de son père et de sa mère des corvéables à merci, et vous avez une deuxième génération communautarisée. Mal intégré à la société, il lui faut toujours travailler plus que les autres pour se faire une place dans la société : c’est la loi de l’histoire ; si elle ne semble pas juste, elle est une réalité et donc une nécessité. L’initiative économique et le surinvestissement en travail permettent la transformation des heures de travail en accumulation de capital ; cette accumulation de capital est ensuite convertie en une élévation sociale grâce à l’école et aux études, qui permet à la seconde puis à la troisième génération d’achever l’intégration commencée avec les vrais héros, les pionniers de la première génération, ceux qui ont tout donné pour que leurs enfants puissent s’épanouir dans la société que leurs parents ont choisie.

Seule une économie de marché est compatible avec l’immigration moderne. L’économie socialiste de marché, en voulant transformer la générosité idéologique en aides multiples et diverses, n’offre pas de chance réelle au nouveau venu, elle lui offre juste la soupe populaire. Un jour, son fils vous la balancera dans la gueule.

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