Scène première

Le commissaire, un monsieur

LE COMMISSAIRE.

Assis à son bureau.

N'insistez donc pas, sacrebleu ! Je n'ai pas que vous à entendre.

LE MONSIEUR.

Vous pouvez bien m'autoriser à porter une arme sur moi !

LE COMMISSAIRE.

Non.

LE MONSIEUR.

Qu'est-ce que ça vous fait ?

LE COMMISSAIRE.

Ça me fait que je ne le veux pas.

LE MONSIEUR.

Le quartier n'est pas sûr. Il est infesté de souteneurs qui bataillent entre eux toute la nuit et attaquent les passants pour les dévaliser. Or, la profession que j'exerce m'oblige à rentrer tard chez moi.

LE COMMISSAIRE.

Exercez-en une autre.

LE MONSIEUR.

Je veux bien. Trouvez-m'en une.

LE COMMISSAIRE.

Vous voulez rire, j'imagine. Est-ce que vous vous croyez dans un bureau de placement ?

LE MONSIEUR.

Et si on m'attaque, moi, cette nuit ?

LE COMMISSAIRE.

Vous viendrez me le dire demain.

LE MONSIEUR.

Et alors ?

LE COMMISSAIRE.

Alors, mais seulement alors, je vous autoriserai à sortir avec un revolver sur vous.

LE MONSIEUR.

En sorte que j'aurai le droit de défendre ma peau après qu'on me l'aura crevée ?

LE COMMISSAIRE.

Oui.

LE MONSIEUR.

Charmant !

LE COMMISSAIRE.

En voilà assez. Aux ordres du gouvernement que j'ai l'honneur de servir, je suis ici pour appliquer les lois et non, comme vous semblez le croire, pour en discuter la sagesse. Si vous n'êtes pas content de nos institutions, changez-les.

LE MONSIEUR.

Si ça tenait à moi !...

LE COMMISSAIRE.

Hein ? Quoi ?... Un mot de plus, je vous fais empoigner ! A-t-on idée d'un ostrogoth pareil, qui vient semer la perturbation et faire le révolutionnaire jusque dans le commissariat !... Vous avez de la chance que je sois bon enfant.

Le monsieur veut parler.

En voilà assez, je vous dis ! Fichez-moi le camp, et que ça ne traîne pas, ou je vais vous faire voir de quel bois je me chauffe. Allez, allez !

Sortie hâtive et épouvantée du monsieur.

LE COMMISSAIRE.

Seul.

J'aurai l'oeil sur cet anarchiste.

Le commissaire revient prendre, à sa table, la place qu'il y occupait au lever du rideau, attire à lui la pile de dossiers constituant le courrier du matin, et, rapidement, d'un coup d'oeil, il se renseigne sur la nature des affaires soumises à son arbitrage. À la fin, geste impatienté. Il sonne. Un agent apparaît.

LE COMMISSAIRE.

FIN DE L’EXTRAIT

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