Préface des Éditions de Londres

« L’ingénu » est un conte philosophique de Voltaire paru en 1767. Le conte raconte l’histoire d’un Huron qui découvre la France, ses travers, ses amours, ses problèmes de religion, et son injustice.

Les Hurons

Depuis Montaigne au Seizième siècle, il est devenu courant de traiter les travers de la société française, de notre morale, de nos lois et de nos mœurs à travers le prisme d’un « bon sauvage », toujours un Indien d’Amérique.

Les Français découvrent les Hurons au Canada. Ces derniers sont, avec les Algonquins, les alliés des Français contre les Anglais dans le grand jeu canadien qui se terminera par l’éviction de la France suite à la guerre de Sept ans.

Bref résumé

L’abbé de Kerkabon et sa sœur vivent près de Saint-Malo. Un jour, ils rencontrent un Huron, qu’ils décident d’adopter et qu’ils nomment l’Ingénu parce qu’il dit ce qu’il pense. L’Ingénu tombe amoureux de sa marraine, Mademoiselle de Saint-Yves, mais on lui interdit de l’épouser et la jeune Saint-Yves est envoyée au couvent. Les Anglais attaquent le prieuré, et sont repoussés par l’Ingénu. Pour le remercier, on l’invite à Versailles ; il doit s’y rendre afin de recevoir une récompense. Sur la route de Bretagne à Paris, il rencontre des Protestants persécutés depuis la révocation de l’Edit de Nantes. Il est très peiné par leur sort et s’en confie imprudemment. Ceci parvient aux oreilles des espions du roi. Et l’Ingénu est envoyé à la Bastille. Il y rencontre le sieur Gordon, avec lequel il parfait son éducation : physique, philosophie, lectures. Quand elle apprend son sort malheureux, Mademoiselle de Saint Yves se rend à Paris pour obtenir la libération de celui qu’elle aime. En désespoir de cause, elle s’adresse à M. de Saint Pouange, lequel lui promet la libération du Huron à condition qu’elle devienne sa maitresse pour une nuit. Mlle de Saint Yves s’y résigne. L’Ingénu et son mentor Gordon sont libérés. Mais la pauvre Saint Yves meurt et l’Ingénu est bien triste.

L’ingénu, plus fort que Candide ?

Dans ce conte, comme souvent chez Voltaire, tout y passe. Critique sociale, dénonciation de la persécution des Protestants, critique de la monarchie absolue, critique de l’hypocrisie cléricale, relativisme social (nous et eux), critique du pouvoir absolu, critique du Jansénisme (avec les Jésuites, une des bêtes noires de Voltaire), critique de la société française en général. Conte ou roman d’apprentissage, on dit que Voltaire préférait « L’Ingénu » à Candide. Nous ne sommes pas de cet avis. Mais nous ne sommes pas Voltaire.

©Les Editions de Londres