Simplicité de Thoreau
Didier Bazy

Nous empoisonnons notre vie par des détails.
Simplifions ! Simplifions !

Thoreau.

D'origine modeste, Thoreau donnera à sa vie un sens simple. La simplicité est le but. La simplicité est la finalité. La simplicité est l'objectif. La principale difficulté réside dans les moyens. Quand David Henry décide de devenir Henry David, Thoreau est prêt. Prêt à se servir de l'écriture – tel est un moyen – pour parvenir à la vie simple, pour vivre Une Vie simple. Prêt à se mettre en marche – tel est un second moyen. Prêt à gagner sa vie honnêtement, tel est un autre moyen. Honnêteté et simplicité ici conjointes. Et la simplicité est très loin de toutes les réductions simplistes.

Le 30 août 1837, Thoreau a vingt ans. Boursier modeste, il termine ses études à Harvard. Le rituel de la célèbre université impose l’exercice : l’étudiant, aspirant au diplôme de « Bachelor of Arts », doit lire en public le texte de sa conférence. Il y a fort à parier que le jeune Thoreau a bien préparé son oral par écrit. Il connaît par cœur son texte. La figure est imposée : « L’esprit commercial des temps modernes, considéré dans son influence sur le caractère politique, moral et littéraire d’une nation ». Des trois étudiants, dont deux seulement parleront, David Henry Thoreau est chargé de traiter le sujet sous l’aspect moral. Il n’avancera pas masqué. La morale n’est-elle pas le cœur des lettres et du politique ? La morale n’est-elle pas au cœur de la vie commune en commun ? La morale, pour Thoreau, est naturellement, immanente. La morale est l'esprit, le souffle de l'action. Et le souffle est naturellement libre. La liberté, fondement de toute morale, n’est-elle pas l’essentiel, l'essence de toute vie ? Le lyrisme et la hauteur de vue, la concision et le souci de l’agencement formel n’ont pu que flatter un jury sévère. Leur enseignement récolte ici les fruits d’une pédagogie exigeante, classique et rigoureuse.

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