Biographie de l’Auteur

Jean-Charles-Emmanuel Nodier ou Charles Nodier (né à Besançon en 1780 ; mort à Paris en 1844) est un écrivain très prolifique surtout connu pour ses contes et pour son influence sur le mouvement romantique.

Brève biographie

Apparemment né de l’union de son père, avocat de Besançon, et d’une servante, Charles enfant apprend le latin tôt, s’intéresse à la littérature et aux sciences humaines, mais contrairement à Stendhal, son contemporain, il ne goûte pas des mathématiques. Il y a bien d’autres choses qui le séparent de Stendhal, notamment ses amitiés royalistes, et son hostilité à Bonaparte. En pleine Révolution, Charles est inscrit à l’Ecole Centrale de Besançon. Il commence à écrire, des poèmes, un roman, « Stella ou les proscrits », un pamphlet contre le Premier Consul, « La Napoléone », qui lui vaut une incarcération de plus d’un mois. Puis libéré en 1804, il écrit son premier conte fantastique, « Une heure ou la vision ». Il continue à partager son existence entre toutes sortes de tâches et sa carrière littéraire. Il devient secrétaire de l’écrivain Herbert Croft puis bibliothécaire à Ljubljana, directeur de journal, avant de s’établir à Trieste. Il rentre à Paris en 1814 (marié, et père d’une petite fille, Marie). Il est décoré de la Légion d’Honneur par Louis XVIII, est directeur du Journal des débats. Il continue à écrire, à participer à des revues littéraires, il voyage en Ecosse. En 1824, il devient bibliothécaire de Charles X, et s’installe à l’Arsenal, où il crée un salon littéraire, dans lequel on retrouvera les principales figures du Romantisme naissant : Hugo (lui aussi né à Besançon), Lamartine etc. Il continue à écrire, publier : Trilby ou le lutin d’Argail en 1822, L’histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux en 1830, inspirée de Laurence Sterne, La fée aux miettes en 1832… Il s’attaque dans un article de 1829 au Dernier jour du condamné, ce qui le fâche avec Hugo. Il est élu à l’Académie Française en 1833, et meurt à Paris en 1844.

L’influence de Nodier

Charles Nodier fait partie de l’histoire du Romantisme français, en cela qu’on ne peut pas vraiment le considérer comme un romantique, mais qu’il en participe puisqu’il l’a influencé. On crédite généralement Nodier de trois influences majeures.

D’abord, celle sur Gérard de Nerval. Inspiré en partie par les contes d’Hoffmann, dont la traduction en France précède l’écriture de La fée aux miettes de seulement deux ans, tous deux repoussent l’introspection et la découverte du Moi dans une recherche littéraire où l’onirisme se mêle à la folie. Si le style d’Aurélia et de La fée aux miettes diffèrent fondamentalement, les deux textes sont souvent comparés, en ce que chez les deux auteurs, la folie et le rêve sont associés.

L’influence sur Rimbaud, si elle n’est pas intuitivement évidente, est visible par exemple dans les poèmes de Nodier, et surtout dans « Le vieux marinier », publié en 1832, et qui évoque « Le bateau ivre ».

Enfin, l’influence de Nodier sur les Surréalistes, en partie par l’intermédiaire de Lautréamont. Elle est probablement plus structurelle. Nodier est un être en porte-à-faux/ plus âgé que les tenants de la génération romantique, passé par la Révolution, tenant du Royalisme plus par opposition aux révolutionnaires, il semble trouver son équilibre par le décalage avec la société. Il n’est donc pas étonnant que, lassé par l’émergence de l’esprit positif dans le monde moderne, il ait cherché autre chose dans la littérature, clé d monde chimérique, onirique et dément dont la portée lui sembla infiniment plus raisonnable et profonde, et surtout ne souffrait pas des limites que lui imposait le monde soi-disant sensé.

Mal aimé par les critiques du Vingtième siècle, Nodier s’apprécie naturellement par les poèmes, contes, essais et romans qu’il nous a laissés, mais aussi par l’étonnant héritage qu’il a légué à Nerval, Rimbaud et les Surréalistes.

© 2013- Les Editions de Londres

LA FÉE AUX MIETTES