Scène Quatrième

LE CHEVALIER, MARION

Cette scène qui met de nouveau seuls en présence le chevalier et Marion, semble encore indiquer que le théâtre comportait des lieux différents et indépendants, ou bien il faudrait admettre qu'après la scène précédente, les acteurs disparaissaient ou s’asseyaient simplement sur des sièges placés sur les côtés du théâtre en attendant leur tour de rentrer en scène.

LE CHEVALIER.

N'est-ce pas vous que ce matin
Je vis ?

MARION.

Passez votre chemin !
Sire, je ne vous connais mie.

LE CHEVALIER.

N'ayez donc pas peur, douce amie.
Je ne vous veux faire aucun mal.
J'ai laissé là-bas mon cheval
Et je cherche encore un oiseau...

MARION.

Allez le long de ce ruisseau.
Je crois que vous le trouverez
Près des buissons que vous verrez.

LE CHEVALIER.

Mais dites-moi sincèrement,
L'avez-vous vu voler vraiment ?

MARION.

Oui, sans mentir.

LE CHEVALIER.

Je vous avoue
Que si, sans me faire la moue,
Vous vouliez bien... Sur cette terre
Ah ! Je ne me soucierais guère
D'aucun oiseau !

MARION.

Sire, passez
Votre chemin. C'en est assez !
Je suis en trop grande frayeur.

LE CHEVALIER.

Que craignez-vous ?

MARION.

Eh bien ! j'ai peur
Que Robin me voie avec vous.
S'il revenait ! Dans son courroux
Il me quitterait aujourd'hui,
Et moi je n'aime rien que lui.

LE CHEVALIER.

Allons ! Belle, veuillez m'entendre !

MARION.

Sire, vous vous ferez surprendre !
Allez-vous-en et laissez-moi.
Je suis déjà tout en émoi.
Il me faut veiller mon troupeau.

LE CHEVALIER.

Moi, je retourne à mon oiseau.
Tu n'es pas digne de l'honneur
De m'entendre t'offrir mon cœur,
En abaissant mon rang au tien !

MARION.

(chante.)

Allez-vous-en, vous ferez bien !
Enfin j'entends venir mes gens !
J'entends Robin flûter
De sa flûte d'argent,
De sa flûte d'argent.
Pour Dieu, Sire, or vous en allez !

LE CHEVALIER.

Adieu, bergerette ! Restez !
Je ne vous ferai pas d'injure.

(Il s'éloigne.)