Préface des Editions de Londres

« Le triangle d’or » est un roman de Maurice Leblanc publié en 1918. C’est un roman d’aventures dont l’action se situe pendant la première guerre mondiale, comme L’Eclat d’obus, et où Arsène Lupin n’apparaît qu’en deuxième partie, sous le pseudonyme de Don Luis Perenna, qui est celui sous lequel il s’engage dans la Légion Etrangère à la fin de 813, à la suite de quoi on le croira mort, avant qu’il ne réapparaisse au beau milieu de la première guerre mondiale.

Les points communs avec L’Eclat d’obus

Comme L’Eclat d’obus est un des « Lupin » les moins lus et les moins connus, on s’attarde peu à faire la comparaison, mais pourtant les similitudes sont nombreuses. Les deux romans se passent pendant la guerre. Dans les deux cas, il y a à l’origine un secret enfoui vingt ans plus tôt. Il existe un amour secret unissant deux êtres proches des deux héros, les deux héros s’aiment, et quelqu’un a juré leur perte. Dans les deux cas, une puissance maléfique, presque surhumaine, qui revêtit plusieurs identités, androgyne dans L’Eclat d’obus, qui se fait passer pour un mort dans « Le triangle d’or ». Enfin, Arsène Lupin fait une brève apparition de théâtre dans L’Eclat d’obus et n’apparaît qu’en deuxième partie dans « Le triangle d’or ».

Résumé

Patrice Belval est capitaine de l’armée, c’est un mutilé de guerre (amputé d’une jambe), comme les sept soldats éclopés qui l’accompagnent, dans l’obscurité d’une rue parisienne. Ils suivent Maman Coralie, l’infirmière qui tous les soigna quand ils étaient blessés. Soudain, une voiture ralentit, et deux hommes essaient de l’enlever, mais Patrice et ses hommes s’interposent, et les agresseurs n’ont d’autre ressource que de fuir. Ya-Bon, un colosse sénégalais, dévoué corps et âme à Patrice, se lance à leur poursuite et ramène un des malfaiteurs de sa main vaillante. Tandis que Patrice parle à Coralie dans l’appartement de celle-ci, le malfaiteur arrêté est assassiné par ses complices. Au cours de la même conversation, Patrice et Coralie se rendent compte que tous deux possèdent le même grain d’améthyste coupé en deux. Il lui déclare aussi son amour, mais elle lui demande de ne plus chercher à le voir. Il ne comprend pas. Il imagine qu’elle est détentrice d’un secret terrible, mais il ne parvient pas à savoir quoi. Autre coïncidence, en sortant de son entretien, Patrice aperçoit une pluie d’étincelles. C’est alors qu’il se souvient d’une conversation qu’il a saisie au vol dans un restaurant parisien, et qui lui avait permis de déjouer la première tentative d’enlèvement de Coralie. Cette pluie d’étincelles est un signal, il en est sûr, mais de quoi ?

Suite à quoi Patrice et Ya-Bon remarquent une limousine, qu’ils suivent jusqu’à une demeure mystérieuse. Ils y entrent à l’aide d’une clé rouillée que quelqu’un avait auparavant envoyée à Patrice, et assistent à une scène incroyable : un homme ligoté et interrogé par quatre des occupants de la limousine, qui lui brûlent la plante des pieds sans parvenir à lui arracher un mot. C’est alors que Patrice aperçoit le visage de Coralie qui observe ce spectacle à travers une fenêtre, sans que cela semble l’émouvoir. Finalement, l’homme torturé, le banquier Essarès, décide d’échanger sa vie contre quatre millions. Les quatre hommes s’en vont avec leur butin.

Patrice apprend ensuite que les quatre hommes sont d’anciens complices d’Essarès, que Coralie est la femme du banquier, et qu’elle le hait. Essarès est une sorte d’escroc levantin, au service des Turcs, qui a déjà sorti sept cent millions de francs or hors de France. Il reste trois cent millions qu’il a cachés quelque part et qu’il cherche aussi à exfiltrer, en pleine guerre, pour le compte d’une puissance étrangère. Puis on retrouve Essarès, mort, la moitié du visage brûlée. C’est alors qu’intervient la Défense nationale. On découvre dans la chemise d’Essarès un carnet contenant des photographies de Patrice et Coralie à diverses époques de leurs vies. Ils en apprennent plus sur la personnalité d’Essarès et sur son lien avec Coralie. Elle a vécu à Salonique à l’époque où Essarès y dirigeait la succursale de la Banque Franco-Orientale. C’est là qu’Essarès l’a rencontrée, et qu’il en a fait sa femme à la mort de sa mère. Mais on essaie de nouveau d’attenter à la vie de Coralie.

C’est peu de temps avant la fin de la première partie, au cours d’une promenade, tandis que Patrice lui fait part de son désarroi, que Ya-Bon lui confie que seul Arsène Lupin serait en mesure de les aider, Arsène Lupin dont ses amis de l’hôpital lui lisent régulièrement les aventures. Patrice et Coralie découvrent ensuite une petite maison avec à l’intérieur une plaque portant leurs noms et indiquant qu’ils sont morts le 14 Avril 1895, il y a plus de vingt ans ! Ils découvrent ensuite qu’il s’agit du père de Patrice et de la mère de Coralie. Ils interrogent Siméon, le vieux domestique, mais ne parviennent pas à en savoir plus. Coralie échappe de nouveau à un attentat, puisqu’on essaie de l’étrangler à l’aide d’une cordelette rouge. Mais Ya-Bon meurt au cours de la tentative d’assassinat. Patrice et Coralie retournent dans le pavillon, et tombent dans un piège. Emmurés vivants, une échelle de corde apparaît soudain de manière providentielle, mais c’est le vieux Siméon qui propose la vie à Coralie à condition qu’elle monte avec lui.

Et c’est la deuxième partie. Par miracle, Don Luis Perenna, ou Arsène Lupin, les délivre. Et ils partent à la poursuite de Siméon. Ils le rattrapent, ce dernier les joue une deuxième fois, puisqu’il convainc Patrice d’enfermer Don Luis, et enferme Patrice dans la soi-disant cachette où il tiendrait Coralie prisonnière avec les millions. Mais Don Luis s’en sort, libère Patrice, récupère les millions, se fait passer pour un médecin expert en faux papiers, dupe Siméon, qui n’est autre qu’Essarès, qui n’était pas vraiment mort, et avait pris l’identité du domestique, et il le force à se suicider. Tout cela en quelques heures… Au passage, après une nouvelle référence à La lettre volée, comme dans Le bouchon de cristal. Don Luis révèle la cachette à l’ancien Président du Conseil, puis livre l’or à la France à la condition qu’ils le remettent à une puissance neutre dont la France souhaite l’entrée en guerre, car « les Russes n’ont plus de munitions ». Le Président du conseil Valenglay accède à sa requête et Don Luis disparaît.

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