Préface des Editions de Londres

« Les confidences d’Arsène Lupin » est un recueil de neuf nouvelles de Maurice Leblanc, paru en  1911, et republié en 1913. Elles mettent en scène le gentleman-cambrioleur. Ces nouvelles sont d’un ton très différent de L’aiguille creuse, 813 qui les précèdent, ou Le bouchon de cristal, qui les suit immédiatement. « Les confidences d’Arsène Lupin » veulent revenir aux origines plus primesautières, invincibles, galantes, et cabotines d’Arsène Lupin.

Les neuf nouvelles

Les jeux du soleil : tout commence par Lupin qui demande subitement à Leblanc de noter toute une série de chiffres. C’est quelqu’un qui s’amuse à réfléchir des rayons de soleil, probablement à l’aide d’un petit miroir de poche. Ces rayons sont un code qui conduit au Baron Repstein. Sa femme a disparu, Lupin devine toute l’affaire et fait même une découverte macabre. Par moments, on dirait une nouvelle de Sherlock Holmes ou encore une enquête du Chevalier Dupin. La meilleure du recueil, une superbe nouvelle de cryptographie. Du grand Lupin !

L’anneau nuptial : Le fils de la Comtesse d’Origny est enlevé. C’est son mari qui est derrière tout ça. Désespérée, la Comtesse appelle Horace Velmont à l’aide. Le Comte cherche à discréditer sa femme auprès de sa mère, et a manigancé un plan parfait pour parvenir à ses fins. C’est compter sans Velmont, lequel n’est autre qu’Arsène Lupin, qui, déguisé en ouvrier bijoutier, va gagner au dernier acte.

Le signe de l’ombre : une bizarre chasse au trésor, impliquant une succession de tableaux identiques, un secret ancien, que Lupin finira évidemment par résoudre. Pour cela, il lui faudra remonter au temps de la Révolution, un certain vingt-six Germinal de l’an II. Mais est-ce bien ça ?

Le piège infernal : cela commence au champ de courses ; un voleur se fait dérober son portefeuille bien rempli, et met fin à ses jours, laissant derrière lui une veuve éplorée et un neveu. Mais cette veuve n’est pas une veuve comme les autres. Elle piège Lupin comme un bleu, et s’apprête à venger le décès de son mari. Et le neveu…Mais est-ce bien un neveu ?

L’écharpe de soie rouge : encore une nouvelle digne de Sherlock Holmes. Même le titre évoque les nouvelles de Conan Doyle. Une des meilleures du recueil. Rien qu’en observant certaines pièces à conviction, Lupin comprend qu’un meurtre a été commis sur la personne d’une jeune actrice, afin de lui dérober un saphir. C’est l’enquête où Lupin aidera Ganimard.  

La mort qui rôde : cela commence par une tentative d’assassinat sur une jeune fille dans le parc de Maupertuis. Lupin intervient et lui sauve la vie. Il découvrira la raison de la tentative de meurtre, et un épouvantable secret.

Edith au cou-de-cygne : Douze tapisseries médiévales disparaissent. Le collectionneur se suicide de dépit. Mais en est-on bien sûr ?

Le fétu de paille : c’est du Leblanc écrivant une nouvelle à la Maupassant.

Le mariage d’Arsène Lupin : les bancs du mariage d’Arsène Lupin sont publiés. Le père cherche à tout faire pour empêcher le mariage. Dernier détail : la fiancée n’est pas prévenue. Pourtant, Lupin parviendra à l’épouser.

Les confidences d’Arsène Lupin, un retour aux origines ?

« Les confidences d’Arsène Lupin » évoquent davantage le Lupin des débuts, celui de Arsène Lupin, gentleman cambrioleur ou Arsène Lupin contre Herlock Sholmès. Lupin est tour à tour voleur et détective, parfois les deux, souvent il vole les criminels, jamais ne tue, et il affronte ses ennemis de façon tout à fait épisodique, sans que quiconque, humain, mystère, ou phénomène étrange, ne résiste bien longtemps à sa perspicacité ou à son ingéniosité.

C’est ainsi que Maurice Leblanc introduit le recueil, chronologiquement situé avant 813 ou L’aiguille creuse, mais écrit après : « C’était l’époque où Lupin, déjà célèbre, n’avait pourtant pas encore livré ses plus formidables batailles ; l’époque qui précède les grandes aventures de l’Aiguille creuse et de 813. Sans songer à s’approprier le trésor séculaire des rois de France ou à cambrioler l’Europe au nez du Kaiser, il se contentait des coups de main plus modestes et de bénéfices plus raisonnables, se dépensant en efforts quotidiens, faisant le mal au jour le jour, et faisant le bien aussi, par nature et par détermination, en Don Quichotte qui s’amuse et qui s’attendrit. »

Voilà, tout est dit. Alors, pourquoi Leblanc se lance t-il dans cette pause légère, au début 1911, avant de se relancer dans un roman assez sombre, Le bouchon de cristal peu de temps après ? Est-il fatigué ? A-t-il trop donné avec 813 ? Est-ce une nostalgie d’un personnage plus guilleret, moins lourd de réalité ? Un simple héros dont on peut rêver, sans failles, sans peur ni reproches, qui nous permet d’oublier le monde dans lequel nous évoluons ? Ou alors est-ce la période, de plus en plus tendue sur la scène internationale (Prusse, Maroc…) ou intérieure (bande à Bonnot…) qui pousse Leblanc à retrouver les origines pures et truculentes de son héros ?

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