Vendredi 6 septembre

Ce matin, j’ai retenté une sortie dans le centre du village. Le vendredi, c’est jour de marché. J’étais en train de comparer différents saucissons quand j’ai entendu crier mon nom. Une femme toute sèche dans une camionnette me hélait de l’autre côté de la rue. J’ai hésité un instant à l’ignorer, mais elle a crié de nouveau « Martha ! » en ouvrant la portière de sa camionnette pour descendre.

Je me suis avancée pour voir. Ses cheveux courts faisaient quelques ébauches de bouclettes, son jean taille 34 semblait deux fois trop large. Elle s’est approchée, elle aussi, l’air ravi.

— Ah ! Martha ! Qu’est-ce que je suis contente de te revoir !

Mon air interloqué devait être suffisamment prononcé pour qu’elle se reprenne.

— C’est moi, Marie. Tu te rappelles ? On jouait ensemble, gamines. J’étais une amie de Lisa. Je le suis toujours, d’ailleurs. Elle m’a prévenue que tu passerais un peu de temps ici.

— Oh... Bonjour, alors...

Je n’ai pas pu échapper à ses grandes bises et à sa main dans mon dos.

— Vraiment, je suis tellement contente... Ça fait longtemps que tu es arrivée ? Tu n’es pas trop seule dans cette vieille bicoque ?

— Ça va, tu sais...

— Si ça te dit, j’ai invité quelques amis pour boire un verre à la maison demain. Ça te dirait de te joindre à nous ? Il y aura Daniel... Tu te souviens de lui ? Ah, qu’est-ce qu’on a pu le faire tourner en bourrique celui-là !

Elle a dû supposer que mon absence de réponse était en fait un oui enthousiaste, car elle a dit qu’elle enverrait quelqu’un passer me chercher et elle est remontée dans sa camionnette. Non sans m’avoir claqué la bise à nouveau.

FIN DE L’EXTRAIT

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