Préface des Éditions de Londres

« Les huit coups de l’horloge » est un recueil de huit nouvelles de Maurice Leblanc publié en 1923, qui raconte de nouvelles aventures de Lupin, mais obéit à une unité de temps et suit un fil conducteur, commencé avec la première nouvelle, « Au sommet de la tour », qui aurait tout aussi bien pu s’appeler « Les huit coups de l’horloge ».

Leblanc revient à Lupin

Suite à plusieurs tentatives pour s’éloigner des aventures de Lupin, notamment avec « Les trois yeux » en 1920, et « Le formidable évènement » en 1921, deux magnifiques romans de science-fiction ou d’anticipation, puis avec un roman d’aventures original, « Dorothée, danseuse de corde » en 1923, Leblanc revient à Lupin. Cette fois-ci, contrairement aux Confidences d’Arsène Lupin, qui cherchait à retrouver les origines primesautières, galantes, ou chevaleresques de Lupin, suite à des romans beaucoup plus noirs comme 813 ou le bouchon de cristal, « Les huit coups de l’horloge » est tout simplement un retour à Lupin, mais un Lupin plus redresseur de torts que critique de la société. Leblanc adopte une formule déjà éprouvée avec les derniers romans : Lupin y apparaît sous une autre personnalité, pas Don Luis Perenna, mais le Prince Rénine ; Lupin résout des énigmes policières, et châtie les coupables.

Le fil conducteur

Le Prince Rénine s’intéresse à une jeune femme, Hortense Daniel. Il fait échouer sa tentative d’enlèvement consenti par le gros Rossigny, fou d’amour pour elle. Et il l’entraîne en haut d’une tour muni d’une longue-vue qui lui inspire la solution d’une des plus jolies énigmes de la geste lupinesque. La résolution de l’énigme lui permet de libérer Hortense de l’emprise de l’oncle (qui la tient sous sa coupe financière). A la fin de la première nouvelle, Rénine lui propose un marché : l’accompagner au cours de sept nouvelles aventures, en échange de quoi il aura le bonheur de…la voir. Mais elle y ajoute une condition supplémentaire, une sorte de gage impossible à réaliser : retrouver une « agrafe de corsage ancienne, composée d’une cornaline sertie dans une monture de filigrane » dont elle ne se souvient ni quand ni où elle lui a été prise. Et Arsène commence ses « huit travaux ».

Les huit nouvelles

Au sommet de la tour

L’une des meilleures nouvelles de Lupin. Laquelle donna lieu à une excellente adaptation télévisée. Hortense s’ennuie, Rossigny veut l’enlever. Rénine sait tout, et fait échouer cette tentative d’enlèvement d’une manière cocasse, et ce bien sûr en ridiculisant son rival. Plus tard Rénine et Hortense se promènent et parviennent à l’entrée d’un domaine, apparemment clos depuis une vingtaine d’années, si l’on en croit une vieille affiche électorale toujours intacte. Pourtant, quand ils entrent, quelle n’est leur surprise d’entendre le tic tac d’une horloge, qui ensuite se met à sonner huit coups : pourquoi cette horloge fonctionne-t-elle encore au bout de vingt ans ?! C’est alors que Rénine découvre une longue vue qui pourrait bien expliquer le mystère du mécanisme de l’horloge et surtout lui permet de percer un autre mystère, celui de deux amants qui s’enfuirent ensemble il y a vingt ans, et dont on n’a jamais retrouvé la trace.

Quelques grands moments d’impertinence féminine comme cette réflexion d’Hortense adressée à Rossigny : « Je ne vous en veux pas. Mais sapristi, quand on enlève une femme, on ne crève pas, mon cher. A tout à l’heure. »

Ou ce moment classique de philosophie lupinienne : « Un aventurier, pas autre chose. Un amateur d’aventures. La vie ne vaut d’être vécue qu’aux heures d’aventures, aventures des autres ou aventures personnelles… »

La carafe d’eau

Gaston Dutreuil vient d’apprendre que son ami d’enfance, Jacques Aubrieux, va être guillotiné pour le crime crapuleux de son cousin, dont il se dit innocent. Pourtant, tout l’accuse : mobile, empreintes, témoins…Tout l’accable, et pourtant, le prince Rénine prouvera son innocence et découvrira l’incroyable vérité.

Hortense et Germaine

Une plage d’Etretat, un homme entre seul dans une cabine et s’enferme. Plus tard on le retrouve mort. Peu de temps avant, on a surpris un frère et une sœur se parler en Espagnol mâtiné de Javanais. Six lettres, une photographie retouchée, une femme jalouse et blessée : que s’est-il donc passé ? Au final, Rénine découvre la vérité, le mobile et même l’arme du crime, mais pourtant il décide de laisser filer le coupable…

Le film révélateur

Une autre excellente nouvelle, mais bien moins connue. D’ailleurs un superbe document sur la relation entre le septième art et le public au début des années Vingt. Rénine et Hortense vont au cinéma. Ils y voient « La Princesse heureuse » avec à l’affiche Rose-Andrée, la demi-sœur d’Hortense. Rénine remarque le comportement curieux d’un second rôle du nom de Dalbrèque. Grâce à certains indices, Rénine entrevoit le côté sombre de l’homme et le soupçonne de vouloir enlever Rose-Andrée. Tout se passe exactement comme il l’avait prévu. Rénine retrouve la trace de Dalbrèque et Rose-Andrée, et découvre la vérité.

Le cas de Jean-Louis

Rénine sauve une jeune fille qui vient de se jeter à la Seine. Il apprend qu’elle a voulu se suicider après que son fiancé ait rompu avec elle. Elle ne comprend pas pourquoi. Son comportement lui a semblé curieux depuis un certain temps ; il parle souvent de ses deux tantes, la tante Vaubois et la tante d’Ormival. Rénine et Hortense se rendent chez lui en Bretagne afin d’essayer de comprendre ; là, ils découvrent la part d’ombre chez le jeune homme.

La dame à la hache

Autre nouvelle peu connue, mais pourtant étonnante. Plusieurs crimes horribles ont été commis par une mystérieuse dame à la hache. Rénine s’intéresse au sujet, et finit par découvrir un « pattern » dans la succession de crimes. Il prévoit même jusqu’à la date du prochain enlèvement. Quand c’est Hortense qui à son tour disparaît, il est aussitôt convaincu qu’elle a à son tour été la victime de la dame à la hache. Il sait qu’il dispose d’à peu près une semaine avant qu’elle succombe. Démuni de la moindre piste, il s’enferme et réfléchit pendant quatre jours. Il trouvera et sauvera Hortense des mains de la criminelle.  

Des pas sur la neige

Dans une campagne française, une sombre histoire de jalousie, jusqu’au jour où le mari d’une femme convoité par un autre disparaît. Tout, et surtout des pas dans la neige, semble accuser le prétendant. Mais des pas sont-ils une preuve ? Rénine trouvera la clé de l’énigme.

« Au Dieu Mercure »

La dernière épreuve de ces « Huit travaux de Lupin », c’est la requête exprimée par Hortense à la fin de la première nouvelle, que Rénine retrouve cette agrafe de corsage de cornaline à laquelle elle tient beaucoup, mais dont elle ne peut même pas se souvenir et d’où et quand elle la perdit. Si cela semble impossible, cela ne l’est pas pour Rénine, qui conduit Hortense dans un mystérieux magasin tenu par des Corses. Rénine retrouve l’agrafe, et se gagne le cœur d’Hortense.

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