Chapitre 3.  Effet de la communication Barbicane

Il est impossible de peindre l’effet produit par les dernières paroles de l’honorable président. Quels cris ! Quelles vociférations ! Quelle succession de grognements, de hurrahs, de « hip ! Hip ! Hip ! » et de toutes ces onomatopées qui foisonnent dans la langue américaine. C’était un désordre, un brouhaha indescriptible ! Les bouches criaient, les mains battaient, les pieds ébranlaient le plancher des salles. Toutes les armes de ce musée d’artillerie, partant à la fois, n’auraient pas agité plus violemment les ondes sonores. Cela ne peut surprendre. Il y a des canonniers presque aussi bruyants que leurs canons.

Barbicane demeurait calme au milieu de ces clameurs enthousiastes ; peut-être voulait-il encore adresser quelques paroles à ses collègues, car ses gestes réclamèrent le silence, et son timbre fulminant s’épuisa en violentes détonations. On ne l’entendit même pas. Bientôt il fut arraché de son siège, porté en triomphe, et des mains de ses fidèles camarades il passa dans les bras d’une foule non moins surexcitée.

FIN DE L’EXTRAIT

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AUTOUR DE LA LUNE
Jules Verne