II.

[M]

C’est amour, c’est amour, c’est luy seul, je le sens :
Mais le plus vif amour, la poison la plus forte,
À qui onq pauvre cœur ait ouverte la porte.
Ce cruel n’a pas mis vn de ses traitz perçans,

Mais arc, traits et carquoys, et luy tout dans mes sens.
Encor vn mois n’a pas, que ma franchise est morte,
Que ce venin mortel dans mes veines ie porte,
Et des-ja i’ay perdu, et le cœur et le sens.

Et quoy ? Si cest amour à mesure croissoit,
Qui en si grand tourment dedans moy se conçoit ?

Ô croistz, si tu peux croistre, et amende en croissant.
Tu te nourris de pleurs, des pleurs je te prometz,
Et pour te refreschir, des souspirs pour iamais.
Mais que le plus grand mal soit au moins en naissant.