« Ubu sur la butte », est une pièce d’Alfred Jarry, écrite et représentée en 1901. C’est la quatrième pièce de la tétralogie ubuesque publiée par Les Editions de Londres, bien qu’il y en ait d’autres, des cachées, des secrètes, que nous gardons dans nos valises avec la conscience d’Ubu et que nous vous dévoilerons en temps voulu. « Ubu sur la butte », c’est une version en deux actes de l’original, Ubu roi, lequel en compte cinq. En toutes autres circonstances, nous dirions qu’elle ne présente qu’un aspect presque documentaire, voire archéologique (et non pas archéoptéryx, animal mythologique trouvé encore choqué dans les montagnes enneigées de Bavière, et révélé dans Ubu cocu comme fruit possible des amours coupables entre la Mère Ubu et Memnon).
Pourtant, c’est une pièce qui vaut son pesant d’or, sinon nous ne la publierions pas, nous ferions autre chose de notre temps, comme prendre une barricade ou partir à la chasse aux Snark. La réduction à deux actes force Jarry à en tirer la substantifique moelle, et tout en prouvant bien que Ubu dépasse son œuvre, et son créateur, il apparaît clairement comme l’inventeur du théâtre de l’absurde, dont s’inspira ensuite Ionesco.
Nous prétendrons aussi que l’une des chansons du père Ubu :
La soif nous traque
Et nous flapit ;
Buvons d’attaque
Et sans répit… ,
On peut la rapprocher de
Tout le monde il pue
Il sent la charogne
Y a que le Grand Babu
Qui sent l’eau de Cologne… »
De Signé Furax de Pierre Dac et Francis Blanche.
Puis, pour finir, à l’occasion de ce début de siècle bien lourd pour la société soi-disant libre de la Troisième République, arrestations politiques, lois scélérates, criminalité en hausse, affaire Dreyfus, scandales financiers…Jarry nous en remet un petit coup sur ce pays qu’il aime mais qui décidément est bien injuste, le même pays que Darien arrange à la même époque avec "La belle France" :
La France réunit pour nous tous les attraits ;
Il y fait chaud l’été, l’hiver il y fait frais,
Les institutions sont mises sous vitrine :
Défense de toucher au clergé, la marine,
Au sceptre immaculé des gardiens de la paix,
Au dur labeur des bureaucrates occupés…
N’ayez pas peur, Ubu reviendra…
© 2011- Les Editions de Londres