1.
Sourire, rire, mourir de rire

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Bus en goguette, illustrations Blanca Gomez, 24 pages, février 2013, 14,90 €

Écrivain(s): Gianni Rodari Édition: La Joie de lire

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Aujourd’hui est un jour comme un autre, Rome est agitée de mille voix : les voitures klaxonnent et cornent ; les piétons piétinent d’un air pressé, les Vespa se faufilent dans la circulation et le trolleybus n°75 file en direction du centre-ville, chargé de son contingent de passagers maussades. À neuf heures du matin, ils sont tous plongés dans la lecture de leur gazette favorite avant de rejoindre leur bureau.

Aujourd’hui est donc un jour comme un autre, sauf que… sauf que le trolleybus n°75 et l’intégralité des voyageurs, sans compter le contrôleur et le conducteur, se retrouvent mystérieusement déroutés sur un chemin forestier isolé, puis stoppé net au milieu d’une clairière herbue et parsemée de cyclamens.

D’abord peu enclins à la mansuétude, les fonctionnaires grognons et tatillons y vont de leurs petits commentaires agacés :

« – Mais par là on sort de la ville !

– Que fait le conducteur ?

– Il est fou à lier ! Liez-le !

– C’est la pagaille dans les services publics ! »

Puis peu à peu les passagers se dérident, semblant reconquérir un peu de spontanéité et d’allant, révélant ainsi l’enfant qui sommeillait en eux, enfoui sous la poussière des ministères et le poids des obligations. C’est à qui fera les plus beaux bouquets, mangera le plus de fraises des bois, ornera sa boutonnière de la plus touffue des marguerites ou lancera le plus loin possible un ballon de foot improvisé en papier journal.

Mais quelle est donc l’origine de ce curieux phénomène, qui affecte autant les gens que les machines ? Qui entortille les esprits et le temps ? Qui ensorcelle l’humeur ? Quelle peut bien être l’origine de cette parenthèse dans le morne quotidien ? Ne serait-ce pas un bon coup du printemps ? Car oui, nous sommes le 20 mars !

Bus en goguette est un album publié en 1980 en Italie et qui vient juste d’être réédité en français (jolie traduction de Roger Salomon) par la Joie de Lire. Gianni Rodari nous transporte dans une époque faite de naïveté et de douceur, une époque optimiste où tout semblait possible. Certainement celle des Trente Glorieuses où l’idée de « prendre et perdre son temps » avait encore un sens.

« C’avait été un petit supplément de temps gratis, une sorte de cadeau réclame, comme ces jouets qu’on trouve dans les paquets de lessive ».

Cette escapade joyeuse est servie par une écriture simple et poétique où les mots les plus banals deviennent les mots du rêve, à la façon des Paroles de Jacques Prévert. Les illustrations de Blanca Gomez contribuent largement à amplifier cette sensation d’avoir été projeté dans un autre univers ; celui de notre enfance avec ses couleurs vives légèrement ternies ; avec ses petits personnages qui se déplacent à la façon de Katie Kirk ou de Jacques Tati. Et si l’esprit vintage y est, c’est certainement parce que tout cela n’est pas sans nous rappeler nos jeux et nos livres d’autrefois, ceux dessinés par Miroslav Sasek et Nina Morel…

Pour les petits à partir de 5 ans, et pour les grands nostalgiques.

Laetitia Steinbach

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Où est ma chaussure ? Mars 2012, 32 p. 11,70 €

Écrivain(s): Tomi Ungerer Édition: L'école des loisirs

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Où sont les croquenots ? Dans le bateau.
Où est l’escarpin ? Sur le museau du chien.
Où sont les godillots ? Cachés dans le manteau.
Où sont les chaussons ? À la place de la tête du poisson.
Où sont les bottes ? Dans le train, sous la hotte.

Tomi Ungerer et les éditions de L’école des Loisirs nous proposent deux livres amusants, presque sans texte, fonctionnant à partir d’un principe simple : retrouver un dessin dissimulé dans un autre. À mi-chemin entre illusions d’optique et informations subliminales, Où est ma chaussure ? et Où est l’escargot ? nous régalent de trouvailles ingénieuses. Où sont passées les volutes de la coquille du gastéropode ? Dans quels paysages se sont enfuis tous les souliers ?

C’est une belle réédition cartonnée en format A5 d’une parution américaine de 1964. Ces images pour jouer reprennent de façon poétique les thèmes et les personnages traditionnels de l’illustrateur alsacien : des oies marchant au pas ; des militaires rigides à la moustache en croc et à l’air martial ; des animaux personnifiés et munis d’accessoires insolites ; des janissaires goguenards…

Les enfants et leurs parents s’amuseront avec délices à chercher ces images dans l’image, et tout cela n’est pas si facile qu’il n’y paraît ! Et l’inventivité des grands pourra être sollicitée pour créer de petites comptines à partir de chaque page.

Alors, où est ta chaussure ? Elle navigue sur l’eau avec ce paquebot ? Elle couronne et encorne le féroce rhinocéros ? Elle épaule la carrure du joueur de football ?

Aller, c’est parti, bonne chasse !

À partir de 4 ans. Dans la même série, Où est l’escargot.

Laetitia Steinbach

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Allô docteur Ludo, écrit, composé et chanté par olive et moi, raconté par François Morel et illustré par Arnaud Boutin, Actes Sud Junior/tôt Ou tard, novembre 2012, 48 pages, 19,80 €

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Difficile de rester objective devant les créations d’olive et moi à qui était déjà consacrée pour partie la Cause buissonnière « Drôles de zoos »*. Ce drôle de bonhomme écrit, compose et chante de délirants contes musicaux, des zopéras rock pour enfants, de haute voltige. Du grand art enfantesque. Dans ce troisième opus, il se consacre à une « comédie médicale » illustrée par le talentueux Arnaud Boutin et racontée par son complice François Morel dont on ne saurait saluer trop bas les multiples talents. Or, ici, il donne la pleine mesure de sa voix protéiforme jusqu’à nous faire peur dans la peau du Médiataure…

Mais commençons par le commencement : le docteur Ludo est un « doudoutologue » (diplômé en Bobologie de la Diafoirus Académie), il soigne les doudous malades, les jouets cassés, les poupées qui craquent et… de ce fait, indirectement, les maux des enfants… Mais n’allons pas trop vite.

Alix et son frère Alex se rendent à la consultation du docteur Ludo parce que le lapin en peluche d’Alix a mal au ventre. Serait-ce une « lapindicite » ? Dans la salle d’attente, il y a de drôles de loustics qui ont tous des trucs et des machins bizarres : Valentin, dit Tintin le timbré, fils de facteur, acrobate du vélo et prétend-il, nyctalope, vient soigner son chevalier tout carbonisé ; Aspirine se plaint de mal au cœur et de pieds glacés ; Timothée est multiphobique ; Alix et Alex ont le rhume des chiens et le mal de mer en voiture… Les enfants discutent librement de leurs tracas, de leurs pires bobos ou maladies, tout en dissertant savamment sur les crottes de nez de Big Marc.

Voilà venu le tour de Pandore, une fille baguée de têtes de mort, dont la poupée se fait vieille. Normal, elle a été offerte par sa grand-mère, elle date du « troisième âge ». La prescription est faite selon une logique imparable : des granunules, des granouilles, du sirop d’H2O, de l’eau de pluie sucrée.

Pendant ce temps dans la salle d’attente, les vrais ennuis débarquent sous la forme d’un drôle d’oiseau chauve-souris qui s’enfuit par la fenêtre. Malheur, il s’agit de Nocébo le corbeau de Pandore.

Tous les enfants sont devenus « bleus comme des Schtroumpfs ». Le « trouillomètre » est formel : ils ont attrapé un virus très contagieux. Une seule solution pour guérir : trouver le Zygomatix, seul remède efficace. Or, ce dernier se trouve tout au fond d’un gouffre, le trou de la Sécu, gardé par le terrible Médiataure…

Les enfants parviendront-ils à déjouer les pièges du monstre ? Trouveront-ils le Zygomatix ? Où est passé Nocébo ? Si vous souhaitez le découvrir, prononcez la formule magique : « Allô docteur Ludo » !

Les lecteurs non-amateurs de « rigolothérapie » doivent définitivement passer leur chemin sous peine d’être contaminés par un irrépressible besoin de s’esclaffer, de rire jusqu’aux larmes, de chanter à tue-tête et de devenir complètement addicts à cette histoire et à ses chansons qui devraient être remboursées par la Sécu.

Qu’ils ne jettent surtout pas un œil sur les illustrations. Les personnages filiformes aux grandes têtes rondes, les couleurs vives, les détails trouvailles font des illustrations un récit graphique et choral à part entière qui se lit en parallèle de l’histoire lue et/ou écoutée. L’image n’est pas surcharge, elle propose une vision décalée et farfelue très différente de celles des deux livres-cd déjà publiés.

Qu’ils ne prennent surtout pas le temps de savourer les nombreux jeux de mots et expressions mélangées revisitées, les clins d’yeux à l’actualité de la Santé et à toute une série de références empruntées à la mythologie, à la littérature, au dessin animé… Ils ne supporteraient pas tant de virtuosité !

Tout est drôle et tout est juste dans l’univers d’olive et moi en qui je salue l’un des plus éminents spécialistes de l’enfantologie humoristique et musicale ou de l’humourologie musicale enfantine, je m’y perds, de notre période contemporaine.

Prédisons que sa thérapie par le rire rencontrera un succès fou auprès des sages entre 5 et 10 ans. Sages qui parviendront peut-être à grands renforts de patience et de granouilles à convaincre les plus grands qu’ils peuvent aussi arrêter d’avoir peur et de souffrir pour choisir de mourir de rire.

Livre-CD à partir de 5 ans

Myriam Bendhif-Syllas

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Au boulot, Les Chats pelés, 2012, 48 p. 25 €

Écrivain(s): Les chats pelés Édition: Seuil Jeunesse

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Un collector conçu spécialement pour les 20 ans de Seuil Jeunesse, avec une superbe couverture toilée sérigraphiée et accompagné d’un tiré à part. Un format géant qui met en valeur de très belles illustrations, chacune est une véritable œuvre d’art, réalisées par Les Chats pelés. Ce collectif d’artiste fondé par Lionel le Néouanic, Youri Molotov, Benoit Morel (chanteur de La Tordue) et Christian Olivier (chanteur des TêtesRaides), ne comprend aujourd’hui plus que ces deux derniers et Lionel le Néouanic.

Dans ce recueil aussi coloré que résolument subversif, on ne prend pas les enfants pour des idiots. À contre-courant du travailler plus pour patati patata, les animaux anthropomorphes qui évoluent au fil des pages de Au boulot ne s’en laissent pas conter. Ils nous livrent une poésie bourrée d’humour et pas piquée des vers. Cela démarre avec Aldo le croco, le camelot qui trafique du boulot, puis on croise le chasseur de courant d’air et quelques langues de vipères. Prosper le marchand de misère peut se tenir à carreau, Léon le lion a mangé son patron « il était si bon… ».

Hommage aussi aux travailleurs car non, il n’y a pas de « petit » métier et

« Heureusement qu’à la ville
quand le soleil brille
il balaie les ombres
dans les quartiers sombres ».

« je sais c’est qui » nous dit un petit poulet avant de sortir de la page.

Bébert le ver lui est au lit, il a mal au trou de la sécu, mais heureusement le ravigoteur badigeonne les pages avec tout plein de couleurs et pour les étourdis on trouvera quelques pages plus loin lesreboucheuses de trous de mémoire. À l’ÂNE.N.P.E., il y a la queue et de belles petites annonces « À SAISIR chaussons état neuf ». Pour soulager un peu les tensions, l’insulteur public y va de son mégaphone, petits et gros mots mais,

« Henriette la chouette
a fait de la politique
maintenant…
elle est sceptique ».

Double page pour la grande manifestation, « les tailleurs d’oreilles en pointe sont en colère ! » et paf, une double page de plus avec un gros rhino pas content du tout « on en veut pas de vos sales boulots».

Chut !, dit le piqueur de roupillons. Pour les petits creux, il est conseillé de courir

« chez la dégobilleuse
sa tambouille est délicieuse ».

C’est vrai que le menu est du meilleur goût, pensez donc, Pourriture de poissons et son coulis de crachats en plat de résistance !

« J’ai tout donné » dit le croco plein de bobos, « le travail c’est la santé » chante un titoizo. Et voilà donc un livre pas qu’un peu rigolo, plein de bêtes pas bêtes du tout. Non mais !

Album à partir de 6 ans

Cathy Garcia

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Dictionnaire des marteaux, Album Illustré, février 2013, 14 €

Écrivain(s): Claudine Desmarteau Édition: Seuil Jeunesse

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Les éditions du Seuil Jeunesse ont réuni en un joli volume carré deux dictionnaires hilarants de l’auteur-illustratrice Claudine Desmarteau : Le Petit rebelle et Le dictionnaire des synonymes. Interdits aux grands, ils se destinent aux enfants jamais contents, à ceux que les adultes ennuient ou intriguent, et surtout à ceux qui souhaitent, au choix : se débarrasser de leurs encombrants cadets ; arrêter une bonne fois pour toute la cantine et les devoirs ; ne plus subir la mauvaise humeur / haleine/ foi de parents agaçants ou encore renvoyer le mythe de la propreté aux oubliettes (il faut bien reconnaître que le brossage de dents tri-quotidien est une hérésie médiévale…).

Le dictionnaire du petit Rebelle, rédigé à la première personne, est à cheval entre le témoignage poignant d’un préadolescent rageur et le manuel de survie du Castor Junior. Il nous emporte dans un tourbillon de définitions absurdes et de questionnements métaphysiques, où la logique est poussée jusqu’à la désopilance. Cela n’est pas sans nous rappeler le Dictionnaire des idées reçues de Flaubert ou quelques aphorismes d’Alphonse Allais. Dans un joyeux tohu-bohu, nous découvrons pêle-mêle des mots en vrac (l’ordre alphabétique étant oublié !) et des illustrations en rouge et noir, semblant exécutées au Bic et d’une hideur digne de figurer dans les coins d’un cahier des pires cancres. Le style, un brin provocateur, plaira aux enfants – ben oui, il y a des mots très gros – et aux adultes qui se réjouiront d’une lecture à plusieurs niveaux et des quelques vérités bien senties à propos de leur rôle de parents.

« Temps » : Un jour un imbécile a dit « Le temps c’est de l’argent ». Dans la rue, il y a un tas de gens qui ont beaucoup de temps et pas d’argent du tout.

« Non » : À la question « Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand ? », je réponds « NON ! ».

« Réfléchir » : Les parents ne réfléchissent plus, ils agissent en s’agitant. Moi, plus je les regarde courir, plus ça me fait réfléchir.

Le dictionnaire des synonymes se présente quant à lui comme le résultat d’une commande du « Ministre de l’Education Occipitale » qui souhaite pallier d’urgence à l’indigence du vocabulaire des petits français. La cour de l’école ne serait pas propice à l’épanouissement des plus belles fleurs de notre patrimoine linguistique… Le lecteur va donc suivre avec ébahissement la journée-type d’un collégien moyen, de sa nuit (mauvaise) à son coucher (sans cesse repoussé), en passant par ses aventures scolaires, un devoir de mathématiques (non révisé forcément) et un séjour à l’infirmerie (où le personnel soignant et la directrice semblent aussi amènes que Dominique Lavanant dans le rôle de Lucienne). Le but de la manœuvre ? Prouver qu’au cours d’une journée, l’on rencontre des tonnes de synonymes adaptés à tout type de situation. Un narrateur bienveillant, telle une voix-off venue des cieux (du Ministère ?) s’adresse ainsi au pauvre cancre dont les malheurs s’empilent telles des casseroles, afin de lui remonter le moral en lui assénant la « vérité du langage ».

Pauvre de toi ! Quelle infortune, quelle déveine, quelle guigne ! Te voilà seul, abandonné, délaissé de tous, dans la poisse, la mélasse, la mouise. Maudite soit cette abominable, exécrable journée.

Glissant d’un niveau de langue à un autre, se moquant du paternalisme des adultes et du dogmatisme de l’école, Claudine Desmarteau et son dictionnaire font mouche à tous les coups. Juxtaposant argot :

J’ai les boules, les chocottes, les foies, les grelots, les jetons, la pétoche, les flubes, la trouille, de contrôle de maths

et registre soutenu :

Lorsque tu reprends conscience, tu reposes sous un arbre. Non, ce n’est pas un arbre, c’est la nouvelle haridelle. Elle est probablement décédée juste après toi. Quelle hécatombe ce contrôle de maths !

accolant ses gribouillis, graffitis et autres moqueries graphiques et hargneuses, Le dictionnaire des marteaux ne peut que faire sourire (jaune ?).

Album à partir de 8 ans

Laetitia Steinbach

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Vampires, cartable et poésie, janvier 2013, 76 p. 7 €

Écrivain(s): Sébastien Joanniez Édition: Le Rouergue

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« Quand tu dors
(mais tu ne le sais pas)
tu deviens
le quartier général
des papillons »

Armand le Poète

Mes plus beaux poèmes d’amour.

Voilà une très jolie petite histoire, pleine à craquer de poésie et de drôlerie. Le narrateur est un jeune garçon de la Famille Magique, qui raconte, comme dans un journal, une semaine et un peu plus de sa vie. La Famille Magique c’est une famille vraiment pas comme les autres, où il suffit de claquer des doigts pour faire ou avoir tout ce qu’on veut. Une famille extraordinaire, où l’on peut croiser lors du Grand Repas aussi bien Barbe-Bleue et la Statue de la Liberté, la Joconde et King Kong, le Père Noël et les sept nains, Cendrillon et le Petit Prince, que Bouddha ou Pachamama et bien d’autres encore. Bon, il y a bien l’Œil de contrôle que ses parents envoient pour le surveiller, mais il n’est pas bien méchant, et ses parents de toute façon, ils ne sont pas méchants non plus et ils dorment souvent. Normal, quand on est magique, on n’a pas besoin de travailler, mais voilà, notre jeune narrateur lui, ce qu’il veut, c’est aller à l’école comme tous les autres, pour apprendre. Apprendre les mots, les mathématiques et les cris des animaux par exemple.

« Bien sûr, je pourrais claquer des doigts et tout avoir par magie. Ce serait simple : mes parents m’ont appris à utiliser les pouvoirs pour avoir la vie facile. (…) Mais je ne veux pas. Je ne veux pas vivre allongé ».

Et puis, sur le chemin de l’école, il y a LA fille. Celle qui fait que le cœur s’emballe. Pas Sophie Dumas, non, qui est dans son école.

« Je n’aime pas Sophie, moi, mais c’est la seule qui m’aime, la seule à m’apprendre le nombril et le trou des fesses. Elle se jette sur moi pendant la récréation et elle veut jouer à l’amour ».

C’est embêtant d’être trop aimé par une fille à l’école, ou se retrouver puni à cause d’elle, et puis surtout, ce n’est pas LA Fille. L’autre, celle qui n’a pas de prénom et qui fait de la danse. Celle-là ? Elle donne envie d’écrire des poèmes. Oui, parce que ce qu’il aime aussi, notre jeune narrateur, c’est écrire des poèmes. Il en écrit tout plein et d’ailleurs, tout ce qu’il raconte est beau comme un poème. Ce qu’il va découvrir d’important, c’est qu’avec beaucoup de poésie et un peu de magie, on peut sauver la Fille de sa vie.

C’est bien pratique aussi de faire partie de la Famille Magique et ce n’est pas si mal, finalement, de ne pas être tout à fait comme les autres.

Roman à partir de 8 ans

Cathy Garcia

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Chien pourri, illustrations Marc Boutavant, mai 2013, 55 pages, 8 €

Écrivain(s): Colas Gutman Édition: L'école des loisirs

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Que peut-on attendre de la vie, quand on est né dans une poubelle ? Des puces, des mouches, une terrible odeur de sardine et un affreux pelage, genre vieille moquette râpée ? Et bien oui, c’est ça la vie pourrie de Chien Pourri. Il est tellement pourri, qu’il fait fuir les enfants et qu’on n’en voudrait même pas pour paillasson. Chien Pourri n’a donc pas d’amis. Enfin si, un seul, c’est Chaplapla, autre estropié de la vie, passé sous les roues d’un camion à l’âge de trois mois. Chaplapla aime bien Chien Pourri mais malheureusement non seulement il est moche et il pue la sardine, mais Chien Pourri est aussi très bête…

On joue à chat ? Ben non, je suis un chien. Alors à chat perché ? Ben non, je ne suis pas un arbre.

Alors que peut-on bien attendre de la vie dans de telles conditions ? Un maître ! Le jour ou Chaplapla lui apprend que les chiens ont des laisses parce qu’ils ont des maîtres, Chien Pourri n’a plus qu’un rêve en tête, en avoir un, lui aussi. Alors, il quitte son ami et sa poubelle, pour se lancer dans le vaste monde, disons la vaste ville, à la recherche d’un maître. Il ne doute pas une seconde de pouvoir en trouver un, car Chien Pourri est certes puant, moche et bête mais il est aussi doux, serviable et affectueux.

Hélas, ce n’est pas le cas de bon nombre d’humains dans ce vaste monde, disons cette vaste ville… De péripéties en péripéties, ou disons de vilains pièges en encore plus vilains pièges, Chien Pourri, sans jamais perdre ne serait-ce qu’une seconde son incroyable naïveté, finira par retrouver son ami Chaplapla au Musée des Horreurs, et avec lui d’autres malheureuses créatures, prêtes à être vendues par de méchants bandits, à des collectionneurs empailleurs ou pire… Heureusement, la petite fille aux chaussures sans lacet et aux croquettes qui font dormir n’est pas si méchante, elle aussi a été enlevée par les méchants bandits. Alors Chien Pourri, moche, puant, bête, doux, serviable et affectueux, va faire preuve également de flair et de bravoure et peut-être en fin de compte, trouvera-t-il le maître de ses rêves, voire bien mieux que ça !

Un livre à lire en famille, mais aussi tout seul pour les enfants qui aiment déjà le faire. De belles illustrations de qualité, dont certaines s’intègrent dans la lecture, ce qui est plutôt original. Une histoire drôle et plein de rebondissements, où on comprend si on ne le savait pas déjà que ce qui compte dans la vie, ce n’est pas de quoi on a l’air mais ce qu’on a dans le cœur et que grâce à l’entraide et l’amitié, tout le monde peut se surpasser. C’est vrai quoi, ce n’est pas parce qu’on est né dans une poubelle, qu’on ne peut pas voir ses rêves se réaliser ! Parole de Chien Pourri !

Récit à partir de 7 ans

Cathy Garcia

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Madame Le Lapin blanc, octobre 2012, 32 pages, 15 €

Écrivain(s): Gilles Bachelet Édition: Seuil Jeunesse

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Avis aux lecteurs amateurs d’humour et de références parodiques ! L’illustre Gilles Bachelet s’empare d’une véritable légende de la littérature pour la jeunesse : le fameux lapin blanc d’Alice au Pays des Merveilles, cet animal pressé, obsédé par sa montre à gousset, qu’Alice tente de suivre dans son étrange voyage. Et bien, nous voilà bel et bien de l’autre côté du miroir, non pas celui d’Alice, mais celui des coulisses de ce conte. Allons y découvrir le quotidien et les tracas de Madame Le Lapin blanc, épouse incomprise du héros de Lewis Caroll.

Dans un journal sans concession, Madame Le Lapin blanc nous révèle qu’elle en a assez de gérer les soucis de sa tribu, seule, sans aide aucune de son mari trop occupé par ses obligations à la cour. Dans de grandes pages extrêmement fouillées et amusantes, se révèlent les caractères des membres de la famille : une adolescente qui change d’idée comme de chemise, des jumeaux « sages et réfléchis », une petite lapine assez angoissée, un lapereau excentrique et une petite dernière très braillarde. Il ne reste plus qu’à parler d’un certain chat qui a élu domicile chez les Le Lapin blanc : il est sournois, voleur, froussard, goinfre et transparent…

« C’est normal, prétend mon mari, c’est un chat du Cheshire.

‒ Il peut bien être du Cheshire, du Hampshire, du Yorkshire ou du Zouloushire, je ne veux plus qu’il promène ses sales pattes ici ! »

Madame Le Lapin blanc a beau se démener, chercher à se faire belle, son mari ne quitte pas ses charentaises, son journal et son fauteuil pour autant. Elle rêve de le voir participer aux travaux du ménage et du quotidien. Un doux rêve… Ira-t-il jusqu’à oublier le jour de l’anniversaire de sa femme ?

« Et s’il n’y avait que le chat ! Une jeune fille, venue de je ne sais où, a débarqué l’autre jour à la maison. Elle semblait plutôt bien élevée, mis à part une fâcheuse tendance à changer de taille pour un oui ou pour un non.

“Nous pourrions peut-être l’engager comme baby-sitter ?” a suggéré mon mari.

Baby-sitter ! Voilà bien une de ses idées ! Qui songerait à faire garder des enfants par quelqu’un qui ne sait même pas garder des dimensions convenables ? »

Les planches les plus réussies sont sans conteste les « 100 façons d’accommoder les carottes » hilarantes et inventives, la vue d’ensemble de la salle de classe et celle de la scène de la fête au château où fourmillent des clins d’œil malicieux au conte d’Alice… portraits de la reine de Cœur, dodo et loir dans une théière, cartes à jouer endimanchées, hérissons boules de croquet, valises à flamand rose… Chaque lecture révèle un nouveau détail et ravit par la cocasserie des situations et des personnages. On s’amuse à retrouver à chaque page un rappel d’Alice elle-même, miniature ou géante. On sourit aux maladresses de Monsieur Le Lapin blanc et on comprend la colère de sa femme. Dans cet univers où tout ne tourne vraiment pas rond, la vie de cette sympathique famille doit elle aussi retrouver son équilibre. Gilles Bachelet revisite avec brio l’univers d’Alice au Pays des Merveilles et donne naissance à un album loufoque, raffiné et capable de réunir toutes les générations.

Album à partir de 7 ans

Pépite de l’Album 2012 au Salon du livre pour la jeunesse de Montreuil

Myriam Bendhif-Syllas

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Je sauve le monde quand je m’ennuie, illustrations nb de Martin Roméro, collection zig zag, octobre 2012, 96 p. 7 €

Écrivain(s): Guillaume Guéraud Édition: Le Rouergue

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Voilà un petit livre bien drôle et plein d’énergie qui prend le parti des rêveurs, des têtes en l’air, des touchent pas terre. Le pouvoir de l’imagination versus les tables de multiplication. Eugène, alias le Capitaine Sans-Gêne, s’est donné pour mission de sauver le monde des méchants, et de protéger tout particulièrement Lisa.

« Lisa est la plus jolie fille de toute l’école. Elle est forte en tout. Et tout le monde est amoureux d’elle. Même moi ».

Hélas, même Kévin, qui est « le gros costaud de la classe. Tout le monde veut être son ami. Sauf moi ».

Et en réalité, ou plutôt de l’autre côté de la réalité, en vérité, Kévin a été mis à terre et massacré bien plus d’une fois, par le capitaine Sans-Gêne, alias le cavalier le plus intrépide, le chevalier plus fort que les Jedi, le meilleur joueur de foot de la galaxie…

Et pas un méchant ne lui résiste, lui qui a pour matelot pas moins que Jack Sparrow en personne, qui lui doit d’ailleurs la vie. Pas un méchant non, qui ne soit réduit en bouillie, étranglé, défenestré, coupé en tranches etc. Nul ne résiste à l’incroyable et invincible Capitaine Sans-Gêne, ni le professeur Charbonax, ni « Le Caméléon Foutraque. Le Noctambule aux Yeux Jaunes. Le Réfrigérateur de la Mort. Le Millionnaire Suceur de Sang. Le Kamikaze en Fauteuil Roulant. Le Cuisinier Cannibale des Caniveaux. La Poubelle Atomique. Le Curé au Crucifix Coupant. Le Scorpion Nucléaire des Neiges ». Même Harry Potter, « ce pleurnichard de la baguette. Ce sorcier de mes fesses (…) Je lui fauche sa baguette à la noix, je lui crame les poils de son balai. Et il suffit que je lui fasse une grimace, pour qu’il se mette à sangloter ». Faut dire que Lisa elle est un peu amoureuse de cet Harry Potter et ça… Ce n’est pas possible ! Parce que Lisa, en vérité, enfin de l’autre côté de la vérité, en réalité, elle est folle amoureuse du Capitaine Sans-Gêne, qui l’a sauvée des androïdes de l’espace, arrachée à la forteresse des pandas géants au Japon. Lisa, elle danse sur les plages des Caraïbes avec un collier à fleurs, et avec elle il fait le tour du monde !

Seulement voilà, à force de courir les mers et foncer au travers des étoiles, Eugène a peu de temps, et il faut le dire peu de goût, pour des choses aussi insipides que rester sur terre et tout particulièrement en classe… Et Madame Charbonneau, la maîtresse, est du genre rabat-imaginaire, si bien que les parents d’Eugène doivent prendre les choses en main, direction le spécialiste. Eugène a déjà vu un saxophoniste, comprenez un orthophoniste, un air opiniâtre (un neuropédiatre) et voilà qu’il doit maintenant voir un messie contorsionniste (un pédopsy comportementaliste) : le docteur Le Singe (Lessage). Et la sentence tombe :

« Eugène a juste besoin de s’évader… diagnostique Le Singe.

(…) “Juste besoin de s’évader” ? Mais on en a tous besoin !

(…) – Oui, mais votre fils est capable de le faire ».

Capable !

« Il a dit ça comme si c’était un pouvoir que j’étais le seul à posséder. (…) Et comme si tout le monde devait m’envier.

Ce gars-là me plaît bien. Il faudra que je le mette dans une de mes histoires ».

Et c’est ainsi que de retour en classe, alors que Lisa danse sur des pétales de fleurs, que Kévin et Harry Potter briquent le pont, Le Triton, le fameux vaisseau du capitaine Sans-Gêne, va pouvoir mettre le cap sur les îles Galápagos et leurs trésors flamboyants !

Récit à partir de 8 ans

Cathy Garcia

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L’Ogre au pull vert moutarde, illustrations Till Charlier, Ed. Sarbacane, mars 2014, 160 p. 9,90 €

Écrivain(s): Marion Brunet

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Si l’on vous annonçait qu’un ogre rôde dans votre quartier, cela vous ferait probablement sourire et vous rappellerait peut-être quelques lointains souvenirs de contes de fées… L’ogre, de nos jours, est un personnage tellement surfait…

Pourtant lorsque leur éducateur leur annonce la venue d’un nouveau veilleur de nuit, c’est bien ce qui arrive à Abdou et Yoan, deux garçons bien d’aujourd’hui. Deux garçons qui ne sont pas des anges, des durs à cuire qui vivent dans un foyer pour enfants : de ceux à qui on ne la raconte pas. Deux petits gars qui sont bien loin de s’attendre à se retrouver nez à nez avec un ogre, géant, puant et surtout affamé, qui les considère comme une collation idéale, tendre et juteuse.

Pensant avoir affaire avec un adulte normal, Abdou et Yoan passent en revue, comme à l’accoutumée, les différentes stratégies à leur disposition pour faire tourner le nouveau venu en bourrique. Choisiront-ils « l’approche sournoise, dite Feinte du Serpent » ou rafale de demandes et réclamations en duo ou « l’approche frontale dite Attaque Nucléaire » technique de raffut collective des plus désagréables ou bien encore « l’approche bizarre dite T’as le bonjour du fou » ? Veuillez vous référer au bonus N°3 pour l’explicitation détaillée de chacune de ces techniques.

Or, face à l’individu qui se présente ce soir-là, aucune tactique ne semble faire le poids : un type « tellement grand, tellement laid » et qui les accueille par un « Lequel je mange en premier ? ». Et nos deux acolytes d’éclater de rire. Mais la rigolade est de courte durée car ce bonhomme ignoblissime est un OGRE, un vrai de vrai, qui « mange des gens », en tout point identique à la description délivrée en bonus N°4. Un ogre qui s’est spécialisé dans la dévoration des indésirables, qu’il s’agisse des petits vieux d’une maison de retraite ou d’enfants comme eux, dont personne ne veut… Au passage vous en apprendrez plus sur la méconnue communauté des ogres et sur le fait qu’un ogre aussi il peut avoir eu une enfance difficile. Etonnant, n’est-ce pas ?

Les imaginations combinées d’Abdou et Yoan vont avoir bien du mal à se débarrasser de l’intrus. S’ensuit le récit d’une nuit tourmentée, une nuit seulement pour échapper à la grande faim de l’ogre, une nuit pour le convaincre, une nuit pleine de changements et de frayeurs où chacun va révéler ses talents et ses facettes cachées.

On aime tout dans ce volume : l’aventure inattendue et trépidante, le caractère bien trempé des héros et de leurs amis du foyer, l’ogre affreux qui rivalise avec le non moins affreux directeur, les dialogues et les bonus désopilants qui ponctuent le récit, les illustrations dynamiques de Till Charlier. L’Ogre au pull vert moutarde, c’est un mix entre Roald Dahl et Pierre Gripari ou quand les deux gredins rencontrent la sorcière de la rue Mouffetard. Un vrai régal pour les moutards. Pas pour les ogres.

Et si vous en voulez encore, la collection Pépix vous révélera dans Sacrée Souris, la véritable histoire de la Petite Souris… Oui, celle des dents ! Alors précipitez-vous chez votre libraire !

Roman à partir de 8 ans

Myriam Bendhif-Syllas

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Tom Gates, c’est moi ! 2012, trad. anglais par Natalie Zimmermann, mise en page par Anne-Cécile Ferron, 257 p. 11 €

Écrivain(s): Liz Pichon Édition: Seuil

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Entre BD et journal intime, ce « roman animé » a reçu le très mérité Roald Dahl Funny Prize 2011 du meilleur roman humoristique pour la jeunesse.

Tom Gates, doit avoir 11 ou 12 ans et comme tout enfant sensé de son âge, il n’aime pas trop l’école mais il adore les gaufrettes au caramel, lire des bandes-dessinées, faire enrager sa sœur Délia, gribouiller dans ses cahiers et surtout il a des projets : monter un groupe de pop-rock comme les Rodéo 3, son groupe préféré, avec son copain et complice Derek. Le groupe s’appellera Les Clebszombies. Ça en jette, non ? Tom Gates a toujours de bonnes et moins bonnes, voire très, très moins bonnes excuses, pour ne pas faire ses devoirs, mais il tient un journal farci de dessins très, voire très, très réussis, dans lequel il raconte sa vie fort mouvementée. Faut dire qu’il a de la matière, entre des parents sympas mais qui mettent la honte, comme tous les parents, surtout papa qui porte des fringues plus ridicules les unes que les autres et une sœur adolescente qui lui voue une haine passionnée qu’il lui rend bien, « ça m’a fait tellement plaisir que Délia se fasse gronder et priver de sorties que j’en ai oublié mon mal au bras. En fait, ça a sûrement été le MEILLEUR MOMENT de toutes mes vacances ».

Il y a aussi les grands-parents, les « fossiles » bizarres, surtout la grand-mère, experte en cuisine immangeable genre soupe à l’oignon et à la poire, pizza à la banane, biscuits à la pomme de terre et à la lavande… Et puis des camarades d’école, devant lesquels faut savoir garder prestance, surtout devant Amy Porter qui est super intelligente et super sympa et qu’on aimerait bien impressionner, et d’autres dont il faudrait se débarrasser comme Marcus Meldrou, le plus grand des enquiquineurs (= Marcus crétinus). Oui, il faut être futé quand même et avoir surtout, surtout, beaucoup, beaucoup d’imagination pour surfer sans trop de mal dans un environnement scolaire qui forcément ignore le génie brillantissime de Tom Gates. Un monde peuplé de Mr Fullerman aux yeux de lynx, de Mme Cherington qui a une MOUSTACHE qu’il ne faut pas regarder et encore moins voir, Mr Fana le directeur qui se met très facilement en colère (voir son rouge-o-mètre) et d’épreuves absolument inhumaines comme le jour de la photo individuelle, sans parler de tous les mots d’excuses qu’il faut rédiger.

« Cher M. Fullerman, le pauvre Tom est enrhumé et ne peut pas faire de sport en extérieur – jamais. Bien à vous, Rita Gates » ou encore « Cher M. Fullerman, Si Tom est en retard pour son devoir, c’est parce que sa sœur a été odieuse avec lui et ne l’a pas laissé utiliser l’ordinateur. Nous l’avons réprimandée. Merci, Frank Gates ».

Heureusement, de l’imagination, Tom Gates n’en manque pas et à coups d’anecdotes plus hilarantes les unes que les autres, de portraits au vitriol mentholé, il nous fait retomber avec un malin et très jouissif plaisir dans la préadolescence.

Une écriture fraîche, une mise en page des plus agréables, facile à lire, c’est à la fois très juste et très fin, et vraiment très, très, très drôle. On en redemande !

Roman à partir de 9 ans

Cathy Garcia

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L’histoire (presque) vraie de Cedar B. Hartley qui voulait vivre une vie peu ordinaire, trad. de l’anglais (Australie) Agnès de Ryckel, juin 2012, 235 p. 9 €

Écrivain(s): Martine Murray Édition: Mijade

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Avec cette histoire (presque) vraie, les éditions Mijade nous proposent un vrai bonheur de lecture, un objet littéraire d’un genre indéterminé mais totalement addictif. La jeune Cedar nous y raconte un pan mouvementé de sa vie d’adolescente dans un récit enlevé, ponctué de dessins naïfs à l’encre noire. Alors qu’elle rêve que quelque chose lui arrive enfin, elle se voit confrontée à toute une série d’événements qui vont l’amener à se découvrir, se dépasser et à agir sur sa destinée.

« Je me suis regardée dans le miroir pour voir de quoi j’avais l’air, et le visage de Cedar B. Hartley m’a rendu mon regard. Ce n’était pas vraiment le reflet d’une Lana Monroe, ni d’une fille célèbre ou très savante… juste un grand sourire plein d’espoir et une auréole rousse de cheveux bouclés ».

Cedar n’est pas une star, pas même l’une de ces filles sur lesquelles les garçons se retournent. Par contre, elle a une sacrée personnalité mais, ça, elle ne le sait pas encore. Parmi ses signes distinctifs : se met les doigts dans le nez pour revenir sur terre, décode les roucoulements des pigeons, participe au championnat de position de chauve-souris, adore Barnaby, son frère fugueur philosophe – il lui a appris que lorsqu’on est vraiment amoureux, on aime les trois parties de la personne : esprit, âme et corps.

Tout commence lorsque Cedar part à la recherche de son chien perdu. Elle rencontre alors un « garçon-oiseau », retrouve Beurky, recolle les morceaux de sa famille farfelue, devient acrobate de cirque amateur… Elle va enfin apprendre la vérité sur la mort de son père, se faire des amis au sein de la troupe de cirque qu’elle monte avec Kite pour sauver le chien malade de sa voisine Ricci. Dans ce quartier digne du Belleville des Malaussene de Pennac, des personnages hauts en couleur se croisent et cohabitent. Un vent de douce folie règne sur cette galerie de gens attendrissants et un peu amochés par la vie. Mention spéciale à Oscar, talentueux dessinateur au grand cœur et à la sensibilité onirique ainsi qu’au grand frère, Barnaby, poète incompris de cartes postales insolites et improbables.

« Chère Maman, chère Cedar,

Au cas où vous vous le seriez demandé, je prends régulièrement un bon petit-déjeuner. […]

FIN DE L’EXTRAIT

Published by Les Éditions de Londres

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ISBN : 978-1-910628-41-6