Notes

[Note 1] [Jullian] L'Esprit des Lois fut terminé en 1748. Il fut donc commencé en 1728. Cette année même, l'auteur partit pour ces grands voyages qui devaient lui servir à le préparer. Mais il n'y travailla sérieusement qu'à partir de 1743 : « il avance à pas de géant, depuis que je ne suis plus dissipé par les diners et les soupers de Paris », écrit-il à de Guasco en 1744.

[Note 2] [Jullian] Ce passage s'adresse à ceux qui voudraient réformer en bloc la constitution d'un État. Montesquieu n'a cessé de recommander la prudence en matière de « correction » de lois.

[Note 3] Ludibria ventis. [Jullian] Énée, dit Virgile, prie la Sibylle de ne point écrire ses réponses sur des feuilles volantes. (Énéide, VI, 75).

[Note 4] Bis patriæ cecidere manus… [Jullian] Emprunté à Virgile (Enéide, VI, 33) : « C'est en vain que Dédale veut reproduire la mort de son fils, son bras tremble et ses mains retombent. »

[Note 5] [Jullian] Remarquez la chute de la phrase. Montesquieu apportait un soin infini à ces choses de style et de rythme : « J'ai entre les mains, a écrit un contemporain les premières variantes de l'Esprit des Lois : il était singulièrement attentif au choix des tours et des expressions ; il priait souvent son éditeur de faire substituer un certain mot à un autre. Il voulait allier les grâces du style et la précision, la profondeur et l'élégance, il voulait satisfaire tout à la fois l'esprit et l'oreille. »

[Note 6] [Jullian] En France : Bodin, Traité de la République, 1577 ; Hotman, de Regimine regum Galliae, 1575. En Angleterre : Thomas More, Ulopia, 1516 ; Harrington, Oeceana, 1656 ; Hobbes, de Cive, 1642 ; Locke, Traité sur le gouvernent civil, 1690. En Allemagne : Pufendorf, de Jure naturae et gentium, 1672. Montesquieu ne cite ni l'Italie à laquelle il doit beaucoup (Machiavel, le Prince, écrit en 1514), ni la Grèce, ni Rome, auxquelles il a le plus emprunté (la République et les Lois de Platon ; la Politique d’Aristote, qui est peut-être celui dont il s'inspire le plus ; le de Legibus de Cicéron). Voici du reste un très curieux passage (chap. XIX du livre XXIX, où Montesquieu fait la critique de tous ses devanciers : « Des législateurs, Aristote voulait satisfaire, tantôt sa jalousie contre Platon, tantôt sa passion pour Alexandre. Platon était indigné contre la tyrannie du peuple d'Athènes. Machiavel était plein de son idole, le duc de Valentinois. Thomas More, qui parlait plutôt de ce qu'il avait lu que de ce qu’il avait pensé, voulait gouverner tous les États avec la simplicité d’une ville grecque. Harrington ne voyait que la république d’Angleterre, pendant qu'une foule d'écrivains trouvaient le désordre partout où ils ne voyaient pas de couronne. Les lois rencontrent toujours les passions et les préjugés du législateur. Quelquefois, elles passent à travers et s’y teignent, quelquefois, elles y restent et s’y incorporent. »

[Note 7] Ed io anche son pittore. [Jullian] C'est le mot que la tradition attribue au Corrège à la vue d'un tableau de Raphaël, tradition fort incertaine.

[Note 8] La loi, dit Plutarque, est la reine de tous mortels et immortels. Au traité, Qu’il est requis qu’un Prince soit savant.

[Note 9] [Jullian] Cicéron l’a dit dans de la Divination (II, 7, 19).Cependant Montesquieu, probablement, songe ici moins aux philosophes anciens qu'à l’Anglais Hobbes (mort en 1679), dont il a souvent combattu les théories.

[Note 10] [Jullian] «Montesquieu fait ici allusion aux lois du choc des corps, dont l'étude passionna les physiciens pendant plus d'un siècle. C'est Descartes qui attira surtout l'attention des géomètres sur ce problème qui tient dans sa philosophie de la nature une place capitale : la quantité de mouvement d'un corps peut changer quand il rencontre un autre corps ; mais la somme des quantités de mouvement des divers corps qui composent l'univers demeure invariable. »

[Note 11] [Jullian] De même Rousseau (Contrat Social, II, 7) regarde la loi comme le produit de « cette raison sublime qui s'élève au-dessus de la portée des hommes vulgaires ». Qu'on se rappelle l'œuvre des Constituants, disciples à la fois de Montesquieu et de Rousseau : ils voulurent une constitution qui fut le triomphe de la raison humaine.

[Note 12] Témoin le sauvage qui fut trouvé dans les forêts d’Hanovre, et que l’on vit en Angleterre sous le règne de George Ier.

[Note 13] [EdL] Aristote avait fait la division suivante, reprise par Rousseau : royauté pour le gouvernement d’un seul, aristocratie pour le gouvernement par une minorité, république pour le gouvernement par la majorité du peuple. Ces trois types de gouvernements quand ils déviaient devenaient respectivement : une tyrannie, une oligarchie et une démagogie.