Asile

J’étais en train de lire le dernier roman d’Amélie Nothomb lorsque des cris ont retenti dans la cage d’escalier. Dérangé par ce vacarme, j’ai bondi hors de mon logement. La voisine du troisième, porte 33, hurlait qu’elle venait d’apercevoir un pygmée. « Heureusement que ce n’est pas une trilobite », remarqua le voisin 41, dont l’humour égrillard me laissait stoïque. Je lui fis observer qu’il s’agissait d’un substantif masculin, il haussa les épaules en maugréant que mes éclats grammaticaux l’ennuyaient.

— Mais vous êtes nu !? s’exclamèrent 25, 27 et 69.

— Excusez-moi, dis-je en me repliant chez moi.

J’avais pour habitude de lire nu, surtout Amélie Nothomb, et j’avais oublié ce détail en me précipitant dans le couloir de l’immeuble. Le temps d’enfiler un kilt et un marcel et j’étais de retour. 33 braillait toujours. Ce pygmée, elle l’avait vu, il ne mesurait pas plus d’un mètre vingt, portait un pagne et des sandales. « Il a filé par l’escalier au moment où je sortais de l’ascenseur », ajouta-t-elle. Une bulle de perplexité m’enveloppait.

FIN DE L’EXTRAIT

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