Chapitre IV

Discussion soutenue par le même Évêque sur l’apostasie de Pierre de Berens.

J’ai encore entendu raconter par le même Prélat une discussion qu’il eut à soutenir sur l’apostasie de son parent, contre Maître Sicard, dit le Cellerier, hérésiarque bien connu et résidant à Lombers. Un jour que l’Évêque se trouvait dans ce château, des gens d’armes et des bourgeois le prièrent d’engager une discussion avec l’hérétique. Le saint homme répondit que toute conférence serait oiseuse, puisque le parjure, endurci dans ses erreurs, ne pourrait pas être ramené à la vérité. Néanmoins, ils redoublèrent d’instances pour que la discussion eût lieu en leur présence, présumant que l’Évêque serait plus embarrassé que l’hérétique. – Le Prélat, considérant qu’ils attribueraient plutôt à la crainte qu’à la saine raison son refus de s’entretenir avec un tel interlocuteur, consentit à leur demande.

Dès le commencement de l’entrevue, l’Évêque prenant la parole : – « Sicard, dit-il, vous êtes mon paroissien, puisque vous résidez dans mon diocèse, et vous devez me rendre compte de votre foi. Quand je vous interroge, faites-moi le plaisir de répondre simplement à mes questions, ou bien de ne pas répondre du tout. »

Celui-ci ayant dit qu’il le ferait : – « Croyez-vous, ajouta l’Évêque, qu’Abel tué par son frère Caïn, que Noé sauvé du déluge, qu’Abraham, Moïse, David et les Prophètes, avant la venue du Messie, ont été sauvés ? »

L’hérétique répondit franchement qu’aucun n’était sauvé.

FIN DE L’EXTRAIT

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