Préface des Éditions de Londres

« Le pédant joué » est une comédie de [Cyrano de Bergerac écrite vers 1645-1646. « Le pédant joué », pièce en cinq actes, est l’une des premières comédies en prose. De même que l’on a souvent parlé de l’influence de Molière pour Turcaret de Lesage, on a souvent parlé de l’influence du « Pédant joué » sur certaines scènes du théâtre de Molière.

L’intrigue

Intrigue classique, inspirée du théâtre italien, et donc de la comédie de mœurs de Plaute : un vieillard s’oppose à l’union de jeunes gens. Ceux-ci finissent par le tromper grâce à la complicité d’un valet. Ce qui est franchement différent, c’est que Cyrano, avec sa fantaisie et son anticonformisme coutumiers introduit des personnages complètement nouveaux et inattendus, un soldat fanfaron (qui rappelle un peu l’autre, le Miles gloriosus de Plaute), un paysan qui parle patois sur une scène etc. Ces personnages sont d’autant plus curieux que leurs longs monologues parfois sans queue ni tête rompent avec la vivacité de certaines scènes. En raison de la bizarrerie de certaines scènes, certains ont voulu y voir les débuts du théâtre de l’absurde.

Les emprunts faits par Molière

On parle souvent du fameux « Que diable allait-il faire dans cette galère ? », que Molière emprunte à «Que Diable aller faire aussi dans la galère d’un Turc ? » à Cyrano, pour Les fourberies de Scapin, mais il existe d’autres emprunts, utilisés par exemple dans Le malade imaginaire etc.

L’originalité du Pédant Joué

« Le pédant joué » est une pièce d’une grande originalité. Sans atteindre l’originalité de L’autre Monde, Cyrano était encore une fois bien en avance sur son temps. Il y a d’incessantes allusions sexuelles, absolument inconnues dans le théâtre depuis Aristophane. Puis il y a cette création de patois et de parlers propres aux personnages qui conduisent a l’impossibilité de communiquer. Enfin on trouve aussi une créativité du langage évocatrice de Rabelais.

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