Préface des Éditions de Londres

« Turcaret ou le Financier » est une comédie en cinq actes de Lesage représentée pour la première fois en 1709.

La comparaison avec Molière

La comparaison avec Molière a souvent été faite. On a même comparé « Turcaret » à Tartuffe. Si Molière n’avait tant dominé la seconde moitié du Dix-septième siècle, Lesage aurait-il été plus célèbre? On est en droit de se le demander.

Une satire

« Turcaret » est avant tout une pièce satirique. Turcaret est un parvenu sans scrupules qui se moque bien des sentiments des autres et voue toutes ses actions à la réalisation d’un hobby, faire le plus d’argent possible, et encore mieux s’il s’agit de l’argent des autres. Il trompe, escroque, et finit par se croire au-dessus des lois : cela causera sa perte. Mais Turcaret n’est pas seul, il est entouré d’une galerie de personnages tout aussi réussis et vicieux les uns que les autres : Turcaret, son épouse, un marquis stupide, un chevalier, une baronne vénale… Et tout ce monde passe son temps à se tromper les uns les autres, avec l’effet comique naturel quand ils s’en rendent compte. Par certains côtés, la galerie de personnages immoraux, la volonté avouée de la satire, les dialogues truculents, mais le manque de structure « Classique », évoquent un peu Ben Jonson avec Volpone ou The Alchemist. Finalement, les plus sympathiques sont probablement les domestiques, qui jugent le spectacle de leurs maîtres et ont au moins l’excuse de savoir pourquoi ils trompent aussi. Doit-on lire l’amertume de l’homme du peuple qui, le premier, écrivit pour vivre ? Ou peut-on y voir les prémices du Figaro de Beaumarchais ?

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